Saul Williams
le slam c'est mon ami.

Après un premier album sorti sur le label du barbu génial Rick Rubin ( Amethyst Rock Star , American, 2001), le « héros » du film Slam de Marc Levin revient avec un disque éponyme. Se faire produire un premier album par Rick Rubin, c'est le rêve de tout homme (ou presque). C'est aussi et surtout la preuve d'un attachement au mélange des genres (voir à la fin de cette chronique). Amethyst Rock Star réunissait en effet rap, drum n'bass,…et même un sample de Rage Against the Machine !

Même si ce deuxième album n'est plus produit par le bonhomme, on y retrouve bien sûr cet éclectisme, cette indifférence aux frontières entre rock, rap ou electro qui fait du bien et qu'on ne rencontre malheureusement pas à la même échelle en France.

Symptomatiques de cette volonté permanente de mélange, les participations (discrètes) d'invités prestigieux : Isaiah Ikey Owens (The Mars Volta), Serj Tankian (System of a Down) et Zack De La Rocha (ex-Rage Against the Machine). Sans compter un sample des Bad Brains, légendaire groupe punk-hardcore noir et dreadlocké…

 

 

Guitares claudicantes, rythme big beat (« Grippo »), piano pas très rassurant (« Talk to Strangers », « Black Stacey »), ou sons plus expérimentaux (« African Student Movement », « Seaweed ») servent de base aux textes de Saul Williams. Il a également diversifié ses pratiques vocales, alternant entre spoken word, rap, toast et chant. Bien sûr l'intérêt peut paraître moindre pour un auditeur non-anglophone tant les textes sont importants voire primordiaux sur certains morceaux.

Certes, ce n'est pas un chef-d'œuvre ; on ne trouvera pas de morceau ultime, d'hymne imparable sur cet album, mais un « rap-rock » poétique, tendu et sec, inclassable et hétérogène, garanti sans bling-bling et boursouflures pseudo gangsta-variétoche.

 

Saul Williams , Wichita/V2; disponible.


[Pour ceux qui ne le savent pas (j'ai les noms), Rick Rubin c'est un peu le gars : qui a fondé le label Def Jam avec Russell Simmons, qui a lancé les Beastie Boys, qui a successivement produit Public Enemy, Slayer et les Red Hot Chili Peppers…entre autres. Ca fait quand même pas rire.]

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