DUBPLATE KILLAZ,
mixed and scratched by DJ HYPE.
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“Natural Born Killaz !”

Nombreux sont les albums dont le simple titre expose une arrogance démesurée, bien que souvent injustifiée lors de son écoute. Dubplate Killaz aurait pu être l'un d'entre eux, si ce n'est que la dernière production Ganja Records s'en est donné les moyens. Co-fondateur du label en 1994 et activiste underground de la jungle depuis le début dès années 90, c'est DJ Hype que l'on retrouve à l'origine d'un projet qui s'averre ambitieux. Etant en effet parvenu à réunir ce qui se fait de mieux en jungle / drum n' bass à l'anglaise, Hype et ses potes « tueurs de vinyls » avaient alors toutes les cartes en mains pour s'imposer comme référence de ce petit monde à 180 BPM. Et les maxis sortis en fin d'année 2004, aux sons puissants et travaillés, le confirmait mais le meilleur restait à venir …

Sorti dans une relative discrétion, le mix Dubplate Killaz marque pourtant le point d'orgue du projet. Une réussite qui s'affiche dès le début avec le titre Look to the Future composé par un quatuor inattendu dans lequel on retrouve Hype lui-même accompagné de J-Majik et Wickaman, les deux leaders du label Infrared, aux commandes d'un morceau qui sait poser l'ambiance. Coups de sirène, suivi d'une rythmique ragga sur lequel vient se joindre par la suite le flow de Daddy Earl, amorçant une bombe qui finit par exploser en une basse profonde, et ce pour notre plus grand plaisir ! Et c'est alors parti pour 70 minutes de grosse basses saturées, de rythmiques limites jungle, de voix raeggae/raaga/rap et de sons électro sorti d'on ne sait où. En un mot, c'est la « Ganja Records Touch » !

Et dans cet univers revendiqué clairement dancefloor, les titres se transforment en véritables tubes, notamment Gimme Da Gal de Phantasy et Shodan, deux quasi-inconnus du label Nu Urban Music, qui développe une basse dynamique accompagnée des toasts rentre-dedans de UK Apache. Et même si c'est un remix, il est fort à parier que l'on reparlera de ce trio. Pascal et Monty font quant à monter la pression à grand renforts de coups de sirène, de delay et de sons limites acides dans Dub Fe Dub . Quant au titre qui sera sans conteste le plus apprécié de ce mix, il s'agit du puissant Crowd Say Reload de Potential Badboy et MC Dett, un titre finalement assez proche d'un bon vieux Full Cycle (label entre autre de Roni Size et Tali.)
Notez toutefois que tous ces titres se situent dans une première partie du mix, festive et dynamique, et que Crowd Say Reload annonce l'approche imminente d'une ambiance plus lourde, confirmé par le titre suivant, un remix du célèbre Original Foundation de DJ Hype qui ne fait pas dans la dentelle. A l'aide de basses sursaturées aux riffs parfois complexes et de rythmiques dures à la limite du hardstep, le mix s'en va alors explorer les abîmes du son. Et c'est une tournure qui pourrait plaire, si ce n'est que la diversité en prend un coup. En effet, sur 6 titres, la sélection se limite à une alternance DJ Hype / DJ Hazard qui n'évite forcément pas la répétition dans les sons et les rythmes, d'autant que le style limite minimaliste des deux DJ pourrait irriter un public non-averti.

Toutefois, des morceaux parviennent à faire la différence comme l'inattendu No One de DJ Hype avec sa basse qui rappelle un peu celle de Flat Beat de Mr Oizo, ou le prenant Dubplate Killaz, conçu par le même quatuor que Look for the Future décrit précédemment. Toutefois, on ne peut résumer les bons côtés de cette deuxième partie de mix à ces simples deux titres. Il ne faut en effet pas noircir le tableau : si cette partie apparaît moins réussie dans sa sélection, c'est tout simplement parce que celle de la première est parfaite !

Et n'oublions pas que ce n'est pas n'importe quel DJ qui se trouve derrière les platines. Déjà irréprochable en première partie, DJ Hype parvient à développer ses mixs les plus longs et les plus réussis sur la deuxième, grâce à des titres qui témoigne d'une relative simplicité, faisant la part belle à la « drum » et la « bass. » Du coup, cette deuxième partie parvient à rivaliser avec l'autre.

Sans oublier les scratchs ultra-cutés du maître (malgré son transfuge dans la musique électronique, DJ Hype n ‘en reste pas moins l'un des meilleurs scratcheurs de cette planète - il représentait d'ailleurs l'Angleterre aux DMC mondiaux de 1989) ainsi que certaines voix ajoutées du style « Hype on the Mix ! » qui, présentes tout au long du mix, dynamise le tout. Et finalement c'est sans aucune lassitude que nous parvenons au bout de ce mix, avec le titre positif et joyeux Sun is Shining Bright de Potential Badboy en featuring avec Yush, qui trouve ici parfaitement sa place en s'imposant en une sorte d'hymne conclusif. Seul mauvais point : au plus ce morceau s'écoule, au plus une sorte d'arrière-goût d'amertume se fait ressentir. Mais c'est toujours un peu le cas à la fin de chaque mix d'exception …

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