Le Journal de mon père (2005) de Jirô Taniguchi |
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Lorsque le lecteur parvient enfin à s'habituer à tout cela, il en est déjà à la moitié de l'œuvre mais peut enfin commencer à pénétrer l'environnement créé par Taniguchi! Et là, ô joie extrême! Le lecteur peut enfin s'imprégner de toute l'intimité à la fois douce et cruelle qui distingue ce manga particulièrement humaniste. L'histoire nous apprend beaucoup sur le Japon d'après-guerre et sur les valeurs de la société nippone mais c'est surtout le parcours de Yoichi qui est au centre de ce qui apparaît comme un récit autobiographique – mais n'en est pas un même si Taniguchi se sert d'éléments de sa propre expérience, comme il le confirme son intéressante post-face. L'histoire développe toute une remise en question introspective de ce personnage, s'interrogeant avec clairvoyance sur la difficulté d'être père. Dans un tout autre style que L'invention de la solitude de Paul Auster avec lequel on peut néanmoins le rapprocher, l'œuvre de Taniguchi montre à quel point les prises de conscience et les regrets arrivent souvent trop tard. Il interroge sur le recul que la mort d'un proche implique, illustrant les inexorables discernements mais aussi les probables idéalisations qui vont de pair avec la fuite du passé. |