Désœuvré |
Sur la couverture épurée, typique de L'Association , le mot "essai" a de quoi intriguer! Un essai en BD? C'est plutôt nouveau comme mélange, non? Et quand on voit que l'auteur de cet essai dessiné n'est autre que le vénéré Lewis Trondheim, ça donne d'autant plus envie de se plonger dans un tel ouvrage. Dès les premières pages, on est bien dans du Trondheim tout craché: un mélange d'humour subtilement burlesque, de tendresse pudique mais parfois très émouvante (comme les références à Franquin et Hokusai), et de pensées aux apparences parfois simplistes mais au fond très sensées. Evidemment, Trondheim nous sert aussi son plat favori: le récit qui se mord la queue! En effet, quoi de mieux qu'une BD pour expliquer qu'il fait un petit break dans sa carrière florissante?! |
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Mais le talent de Lewis Tronheim, c'est surtout de parvenir à se remettre en cause si ouvertement tout en atteignant un état de grâce presque déstabilisant – cette œuvre tient du génie ! La forme que prend cette auto-analyse (de lui-même et de la BD en général) est assez osée mais payante car originale et maîtrisée. Elle montre à quel point Trondheim a de grandes chances de (justement) ne pas tomber dans le piège du non-renouvellement ou de la facilité lucrative. Le défi est le cheval de bataille de Trondheim et c'est ce qui lui permettra sûrement de survivre à cette période de doutes dont il fait preuve ici. Sa déroutante facilité d'adaptation à tous les styles et la forme même de cet ouvrage permettent d'ailleurs de relancer le débat qui fait "rage" actuellement dans le monde de la BD: Frantico* n'est-il pas un nom de plume alternatif de Lewis Trondheim? Une sorte d'Emile Ajar de la BD?... Dans tous les cas, il y a de fortes chances que Trondheim nous étonne encore longtemps! |
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*voir critique du Blog de Frantico , ici-même chez Tohu-Bohu ! |
Raphoufoune |