PHANTOM MEMORY KURAU
(2004)
de Yasuhiro IRIE

Après Cowboy Bepop (1998), RahXephon (2002), Wolf's Rain (2003) et Fullmetal Alchemist (2003-2004), la dernière série signée Bones, studio réputé pour l'atypisme de ses productions qui savent pourtant faire recette, répond au nom énigmatique de Phantom Memory Kurau . Mais le mystère ne s'arrête pas là. Bien au contraire, il englobe chaque épisode à travers un scénario original qui, à la façon d'un RahXephon , peut basculer d'une minute à l'autre.
Sur une cité lunaire (nous sommes en 2100 et la Lune est entièrement colonisée), Kurau, une jeune fille, vit seule avec son père, depuis la mort de sa mère il y a quelque années. Celui-ci est un scientifique de renom mais son travail prend parfois trop le pas sur sa vie familiale. C'est pourquoi, pour fêter les 12 ans de sa fille, il lui propose de l'accompagner à son travail. Là-bas, il y pratique des expériences pour mettre au point une nouvelle énergie appelée Rynax. Tout cela émerveille alors Kurau jusqu'à ce qu'une nouvelle de ces expériences tourne mal …
Touchée par une sorte de radiation de la mystérieuse énergie, la jeune fille semble en sortir indemne, du moins physiquement. Pourtant, une nouvelle entité, celle d'un Rynax, affirme habiter ce corps désormais. Aux premiers abords très austère, cette nouvelle Kurau, aux capacités physiques incroyablement accrue par l'énergie Rynax (elle peut voler, traverser des murs, désintégrer …) va très rapidement développer des sentiments de plus en plus humains aux fils de ses contacts divers avec son environnement, jusqu'à ce que son père finisse même pas la reconnaître comme sa « nouvelle » fille.

Tout est-il donc au mieux dans le meilleur de mondes ? Il semblerait. Toujours est-il que l'on retrouve dix ans plus tard notre chère Kurau, devenue une charmante jeune femme, et résidant dans le plus parfait anonymat au sein d'une mégalopole terrienne. Devenue agent, comprenez chasseur de primes (influence Cowboy Bebop  ?), elle use couramment de ses pouvoirs pour mener à bien ses misions. Bref, de l'argent facile pour cette personne hors du commun.
Toutefois, l'énergie Rynax s'averre aussi une malédiction, car un Ryna-Sapiens ne peux vivre pleinement que s'il est accompagné de sa « paire. » Ainsi, derrière ses apparats de femme forte, Kurau recèle une solitude profonde que ses escapades nocturnes n'arrivent à tarirent, jusqu'au jour où sa paire apparaît enfin …
Et dire qu'à ce point du scénario, nous ne nous trouvons qu'à la fin du premier épisode. Exemplaire dans sa narration autant que dans sa réalisation, on peut dire que les moyens ont été mis en œuvre pour nous accrocher ! A tel point qu'en poursuivant la série, on pourrait être déçu tant on bascule dans un tout autre scénario. Mais quoi de plus normal ! On n'introduit pas un nouveau personnage principal sans bousculer un tant soit peu le scénario !
Présentant le monde dans lequel sa paire, qu'elle a baptisée Christmas, a fait irruption, Kurau poursuit ses missions, parfois périlleuses. Et les tous premiers épisodes pourraient finalement se résumer de la façon suivante : les deux paires coulent des jours heureux jusqu'à ce que Kurau se voit forcer d'accepter une mission dont elle se sort tant bien que mal, et à la fin, elle retrouve enfin Christmas.

Et déjà s'imagine-t-on la série tourner autour de ce schéma classique, privilégiant les épisodes auto conclusifs, autrement dit développant une intrigue propre à chaque fois (un épisode = une mission) sans rapport avec ce qui suit ou précède. Toutefois, l'énergie Rynax reste en arrière-fond et s'enveloppe d'autant plus de mystère que l'on découvre bon nombre de personnes intriguées par celle-ci, et notamment des agents du tentaculaire G.P.O., organisation politico-industrialo-militaire au sommet de toutes puissances mondiales. Cette convoitise tournant autour de Kurau (sans qu'elle n'en soit forcément informée) crée ainsi une tension sous-jacente (qui trouve leur climax lors de fin d'épisodes très réussie) tout en présentant le contexte et les personnages initiaux qui donneront suite au scénario.
Et la suite, on la pressent déjà. Le G.P.O. va finir par retrouver Kurau et Christmas et dès lors, on bascule dans un véritable road movie qui emmènera les deux paires aux quatres coins de la planète (Los Angeles, les Alpes Suisses … Marseille !?) et se paieront même quelques allers-retours sur la Lune. D'une part poursuivies par l'inquiétante inspectrice Steiger et d'autre part aidées par Dag (ou Doug selon les traductions …), un ex-agent du G.P.O., elles lèveront peu à peu le voile sur l'énergie Rynax, une énergie bien particulière puisqu'elle se compose d'êtres vivants ! Mais ces multiples découvertes ne se font qu'au prix d'expériences souvent tragiques…

Ainsi, la série est empreinte d'une profonde mélancolie qui n'aura cesse de s'accroître au cours d'un scénario toujours plus sombre. Mélancolie tout d'abord pour ces deux personnages principaux qui cherchent sans cesse leur place dans ce monde mais traquées, elles sont forcées de fuir. Certes, elles ne sont pas les seules à subir une existence douloureuse et on se rend vite compte que d'autres personnages éprouve un certain mal de vivre. C'est le cas pour Dag qui vit éloigné de son fils, du père de Kurau qui s'interdit tout contact avec sa fille afin de la protéger … Même le passé tragique d'Ayaka Steiger, dont la famille s'est fait entièrement assassinée dans sa jeunesse, nous est dévoilé.
Assez généreux en flash-back (quoique pas tant que ça pour une japanime), le scénario peut surprendre à tout moment, en prenant la liberté de développer au cours d'un épisode l'histoire d'un personnage « secondaire », qui le devient ainsi justement plus. Ou bien d'un coup en apprendrons-nous plus sur le passé dramatique de Kurau qui n'a rien d'enviable Brisant ainsi habilement toute linéarité, ces apartés offre une dimension psychologique vraiment prenante, d'autant qu'elles trouveront toujours une finalité, dont nombreuses ne seront dévoilées qu'au dernier épisode ! Et ce, sans parler de la musique simple et émouvante de Yukari KATSUKI qui a su parfaitement accompagner ces moments de tristesse sans trop de pathos.
Certes, cette approche psychologique aurait pu s'avérer un outil de plus afin de densifier le récit. Mais bien au contraire, ici elle trouve tout son intérêt car elle creuse le sujet principal de la série. Gravitant autour de la paire Kurau-Christmas, celui-ci pourrait se résumer sous la problématique suivante : quels rapports entretiennent ces deux êtres extraordinaires ? Et la réponse est loin de tomber d'elle-même tant ceux-ci varient. D'une relation grande sœur - petite sœur, on peut passer à celle de mère - fille, celle d'amies, voire même celle d'amantes, et ce en un clin d'œil dans la logique la plus déconcertante. Mais après tout, à travers cette paire ne retrouve-t-on pas toutes les déclinaisons possibles des rapports qui peuvent lier deux personnes ? Ca expliquerait pourquoi tant de personnes cherchent à capturer ces deux jeunes filles et pourquoi leur apparition bouleverse la vie de ceux qui s'en approche …
Finement écrit par Aya YOSHINAGA, le scénario est assurément l'attrait majeur de cette série. Certes, il ne faudrait pasfaire l'impasse sur le remarquable character-design de Tomomi OZAKI qui réalise ici un remarquable travail de simplicité et de réalisme. De réalisme, il en est également question dans les décors qui, même s'ils se doivent de représenter un monde plus vieux de 100 ans ne tombent pas dans le futurisme débridé bien qu'il berce parfois dans l'effet inverse (le petit village suisse donne plus une allure fin XIXème que début XIIème !) Petit manque en revanche du côté mecha-design avec des véhicules un peu passé de mode, d'autant plus que leur animation se limite trop souvent à un déplacement rigide sur une trajectoire assistée par ordinateur. Et nous touchons dès lors le cœur du plus gros défaut de cette série qui semble avoir manqué d'un peu de moyens pour être parfaitement aboutie. Bien que l'animation des visages en gros plans et certains combats soient tout à fait réussis, parfois, on assiste à une simplification vulgaire du dessin et des mouvements. Certes, dans certaines séquences calmes, on pourrait croire à un parti pris, mais en pleine scène d'action, cela fait pâlir. On était pourtant habitué à mieux de la part du studio Bones.

Finement écrit par Aya YOSHINAGA, le scénario est assurément l'attrait majeur de cette série. Certes, il ne faudrait pasfaire l'impasse sur le remarquable character-design de Tomomi OZAKI qui réalise ici un remarquable travail de simplicité et de réalisme. De réalisme, il en est également question dans les décors qui, même s'ils se doivent de représenter un monde plus vieux de 100 ans ne tombent pas dans le futurisme débridé bien qu'il berce parfois dans l'effet inverse (le petit village suisse donne plus une allure fin XIXème que début XIIème !) Petit manque en revanche du côté mecha-design avec des véhicules un peu passé de mode, d'autant plus que leur animation se limite trop souvent à un déplacement rigide sur une trajectoire assistée par ordinateur. Et nous touchons dès lors le cœur du plus gros défaut de cette série qui semble avoir manqué d'un peu de moyens pour être parfaitement aboutie. Bien que l'animation des visages en gros plans et certains combats soient tout à fait réussis, parfois, on assiste à une simplification vulgaire du dessin et des mouvements. Certes, dans certaines séquences calmes, on pourrait croire à un parti pris, mais en pleine scène d'action, cela fait pâlir. On était pourtant habitué à mieux de la part du studio Bones.
Peut être trop d'ailleurs, car finalement Phantom Memory Kurau n'a pas tant à rougir face à l'animation d'autres séries venue du Japon, et on peut même dire qu'elle se situe dans une bonne moyenne de ce côté-là. Enfin n'oublions pas que la réalisation de la série à été confiée à une équipe de « débutants » qui réussissent facilement à imposer le respect au regard du produit fini. Certes pour les nantis comme pour les experts, la perfection est quelque chose d'impossible à atteindre, mais une fois de plus, on s'en est clairement approché !

 
Salaryman

N.B. : Les droits de cette série n'ont pas encore été achetés pour la France, alors profites-en pour le télécharger légalement (http://www.anime-torrent.net) ! Pour infos, la série a été achetée par les Etats-Unis dès le jour de sa sortie au Japon … Alors dépêchez-vous !!!
PHANTOM MEMORY KURAU
Studio  : Bones
Réalisateur  : Yasuhiro IRIE (chara design d' Alien 9 et Gunparade March ,
storyboard de Cowboy Bebop - le film)
Scénario  : Aya YOSHINAGA ( Witch Hunter Robin , Wolf's Rain , Crest of The Stars…)
Character Designer  : Tomomi OZAKI
Mechanical Designer  : Masahisa SUZUKI
Musique  : Yukari KATSUKI
Nombres d'épisodes  : 24 x 26 min.
(2004)