LE NAVET DE NOVEMBRE
Maximum Overdrive
de Stephen King

Après avoir promis en veux-tu en voilà de m'occuper de Rebirth of Mothra vol.1 ou encore d'Uncle Sam plutôt que de fermer ma bouche, on aurait presque pu croire avoir affaire à un indécrottable velléitaire. Bon d'accord, je suis un sale fainéant... Mais là c'est décidé, hop, je m'y met. Au menu du mois, un chef-d'oeuvre (ou devrait-je dire un Hors-d'oeuvre, avant Rebirth of Mothra...), et un gratiné, puisque j'ai l'illustre honneur de bosser sur une sacrée bouse (rassurez-vous il en reste malgré tout des centaines, voir des milliers si l'on compte les comédies musicales indiennes), j'ai nommé : Maximum Overdrive.
Déjà ça en jette. C'est pas un titre de film de pédé, je vous le dit. Et ça annonce directement la couleur de la chose parce qu'au final il est surtout affaire de gros bides, de gros cigares, de gros camions, de gros bazookas de grosses moustaches et de marcels tout crades... Ca fleure bon l'Amérique me direz-vous, et vous n'auriez pas tort (en même temps je vois bien une comédie musicale indienne s'appeler s'appeler comme ça...) puisque que cette grosse merde nous est servit sur un plateau plein de gras par un de ses plus prestigieux ambassadeurs, Stephen King. Et oui, le gros (que je suis méchant, et tout ça gratuitement, ahh j'aime ça, putain si j'étais un critique célèbre on me ferait un procès, ouais flagellez-moi...) ne se contente pas seulement d'être moche (bouh, avec des lunettes en plus, bouh qu'il est vilain), et surtout d'écrire des livres de merde, qui plus est se vendant comme des gros hamburgers (parce qu'il faut dire que malheureusement, faute d'autre chose, beaucoup de gens bouffent de la merde), mais il c'est aussi essayé, le mot est faible, au cinéma (et là du coup c'est un bien grand mot). Maximum Overdrive, "réalisé" en 1986 est produit par Dino de Laurentis (le papa de Conan le Barbare et de tout plein d'autre films d'auteurs). Et c'est l'histoire de de gros camions pas sympa (mais alors pas sympa du tout).

Maximum Overdrive donc, ça commence par un plan vu de l'espace (ouais). Déjà, paf, d'entrée, vu subjective, on met direct le spectateur dans la peau d'un truc de l'espace... Ben ouais, au fond ça suggère bien qu'il y a quelque chose qui la regarde (ou du moins pour la voir) cette planète. Et nous par ses yeux... Dès fois comme ça, quand on sait pas utiliser le langage cinématographique, on fait des trucs débiles qui font les film débiles. Petit message à caractère informatif qui nous explique que la comète Rhea-M va passer pas loin de la Terre et que du coup c'est pas coule et qu'en plus elle va rester là en vacances 1 semaine. Du coup toute les machines se dérèglent et veulent buter tout le monde. Logique.
Ca commence bien.

Justement, à ce propos je me disais que... Enfin tu vois quoi.
Comme d'ab' avec l'ami Stephen, on est plongé dans une petite ville pourrie du fin fond des Etats-unis (ça fait plus authentique, et puis comme ça les spectateurs se sentent concernés, ça se passe chez eux). Et ouais c'est comme ça qu'on vend de la merde, il faut que le petit maigrichon tout moche à lunette (qu'a pas d'amis et que personne aime et qui se sent vachement différent des autres, du fin font du Dakota du Nord avec une imagination débordante et le profond sentiment d'être un génie incompris par delà le caractère affligeant de ses traits, qui sont certainement une épreuve du Seigneur, mais de toute façon avec la volonté on peut tout et puis si on y croit un jour ou l'autre y'aura bien un événement paranormal qui va changer ma vie et révéler ma vrai valeur aux yeux de la société qui m'exclu et du coup j'aurais ma place comme les autres, et, le plus important, je pourrais tirer le premier coup de ma vie et c'est un peu pour ça que j'y croit grave merci Stephen...) s'y retrouve. Et avec Stephen King on est plongé tout droit dans la peau de la loose. La peau flasque qui pue la sueur et le graillon. La peau vraie quoi merde.
(remarquez au passage qu'y a des gens comme ça qui sont de véritable divinités de la parenthèse... Et oui, c'est comme ça). Pour le coup, on atterri en Caroline du Nord, patrie de Dawson, qui n'arrivera lui que bien plus tard, mais ça peut tout de même expliquer beaucoup de chose, notamment sa passion paranormale pour Steven Spielberg. D'ailleurs ça m'étonnerais pas que Dawson ai été conçu sous l'influence de la comète Rhea-M.
Mais revenons à nos boutons, euh, hum, nos moutons. Un distributeur se met à insulter les client, "you are an asshole" (le film est très vulgaire vous allez voir, bien plus que moi ce qui n'est pas rien), et quel client puisqu'il s'agit de Stephen King himself, qui comme tout les grands, se paye une petite apparition discrète (enfin quand on a ça tronche c'est relatif) de derrière les fagots. Y'a pas de raisons... Le ton est lancé. Ca part sur de la musique d'AC/DC, qui signe la B.O. du film (pleine de qualité au demeurant). Comme je le disais, c'est pas un film de pédé.

En gros donc les machines se dérèglent et à tuent tout le monde. Et puis des machines, en général, on passera assez vite aux camions, en particulier. Par contre avec les voitures ça fonctionne pas, allez savoir savoir pourquoi ? Peut-être que la comète Rhea-M pensait avoir besoin d'un taxi... Ca met bien 1/4 d'heure rien que pour nous montrer que les machine elles ont l'air chelou aujourd'hui. C'est très lourd, c'est redondant. C'est du grand cinéma.
Sinon, mis à part quelques accidents ça et là qui tuent tout le monde, la quasi totalité du film se passe dans une station service, avec Emilio Estevez ("Emiliooooo", les vrai cinéphiles, ceux qui ont vu A Night at the Roxbury comprendront).

Maintenant vous savez pourquoi on appelle ça un pompiste...
(bientôt la même avec des pompiers...)
Un homme, un vrai. Genre Joe Shishido sans la classe, avec 2 bajoues de chaque côté de la tronche (Joe Shishido s'était fait opérer pour faire peur et qu'on lui donne des rôles de méchants). J'espère que Emilio Estevez a pas voulu faire pareil parce que c'est loupé, y ressemble à un petit rongeur avec une boucle d'oreille et les cheveux gras...
C'est un petit peu sensé être le mec du film, le baroudeur, d'ailleurs on nous fait bien comprendre qu'il sort de taule, même si ça sert à rien mais histoire de montrer que lui non plus c'est pas un pédé. De toute façon y'a pas de pédé chez Stephen King. Stephen King c'est la loose qui parle à la loose. Et la loose (ouais, je fait des personnifications !) elle veut grave tirer sa crampe. Tant qu'à faire avec la fille la plus populaire du lycée, merde, y'a pas de raison, la beauté est intérieure quoi. Jusqu'au jour où on se rend compte qu'il y'a plein de fille moche comme nous (ben oui nous, les moches) qui on une véritable beauté intérieure et qu'on peut grave les visiter à l'intérieur elles, du coup. Et ouais, c'est coule. Et même que du coup on a qu'à laisser les beaux entre eux, y comprennent rien... Y sont bête.
Emilio donc, qui dans la VF a une grosse voix virile (même si en vrai il a une voix d'adolescent) c'est le beau gosse du film. Mais il est pas très beau. Pas grave, de toute façon tout le monde est moche dans ce film. Et y s'appelle Bill.
Du coup sa copine ça va être la rebelle qui débarque en stop avec un vendeur de Bible à moustaches qui essaye de se la faire avec délicatesse (moustaches oblige), et de toute façon c'est bien naturel, merde quoi, je t'ai pris en stop sale pute, tu pourrais au moins me sucer la bite. Laura Harrington donc, la sus-nommée. Un vrai concentré de sex appeal. 1m90, 30 kilos, une coupe de caniche royal et un strabisme divergeant... Ca y est. Je bande.
Et elle trouve qu'Emilio il est vachement plus sexy que le petit moustachu. Elle s'appelle Brett.
Enfin je vais pas tous vous les passer en revue mais bon, tous ça pour dire que les autres sont à peu près du même acabit et franchement c'est la classe, la vraie, y sont sont tous beaux comme des camions. Donc tout ce beau monde est comme qui dirait assiégé dans la station crado par les méchants camions qu'on a bien compris que c'était grave pas des rigolos.
L'intrigue est lancée, va falloir sortir. Oui mais comment ? C'est trop intelligent un camion.
Et du coup ce film est un régal, une merveille, une véritable délectation pour les gourmets de l'image. Si la première demi-heure promettait, la suite tiens du prodige et exauce sous nos yeux enfumés par la graisse nos rêves les plus cons.
Alors forcément je ne puis me retenir de vous prévenir que le climax du film va quand même nous infliger une émouvante scène de dialogue entre l'homme et la machine à base de morse avec un klaxon, et que la phase terminale de ce film mort-né nous exposera tout de même rien de moins qu'une magnifique image (une des rares du film, profitez-en bien) de la persistance des rites de passage à l'âge adulte, constitutifs du lien social le plus premier, dans l'Amérique des années 90. Où comment un gamin de 12 ans dont le père s'est fait péter la gueule par un camion sans aucune morale chrétienne, venge celui-ci (et du coup en fait son deuil ce qui lui permet symboliquement d'accéder à l'âge adulte...) en balançant à une sorte de borne de Mac-driveun déchirant : "Prends ça pour mon père fils de pute !" avant de la défoncer avec un M-16.
Ouais, c'est beau.

Et ça illustre bien tous l'intérêt du film. C'est creux, incohérent, vide de sens et d'intention, formellement digne d'un adolescent (genre Dawson) mais c'est trop drôle, et, pourvu qu'on soit un temps soit peu imaginatif et près à y voir ce qu'on voudra bien y voir, c'est un divertissement plein de qualité qu'y laisse sur le cul tellement c'est bien alors que pourtant c'est trop de la merde.
Car si j'ai bien cherché un quelconque sens au film (je l'ai vu 2 fois, mine de rien, si c'est pas de la conscience professionnelle ça. Quand on pense que même Stephen King a pas du le regarder) au travers de ces multiples maladresses inhérentes à ces films où un écrivain est passé derrière la caméra.

Forcément, un gros truc comme ça par derrière ça fait froncer les sourcils...

Ben ouais, c'est pas le tout d'écrire des bouquins pourris, mais si décide de passer au cinéma avec la même recette, ben on fait un film pourri, forcément. Et puis le cinéma c'est comme la littérature Stephen, je vais peut-être blesser ton âme naïve d'enfant émerveillé par la magie du grand écran, mais ça s'improvise pas...

D'autant plus quand l'on sait que le film est tiré d'une nouvelle... D'où les longueurs, forcément, faire un film avec un scénario qui tiens en 3 lignes c'est pas facile. Bon, je vous le concède, Kiarostami y arrive, lui, mais déjà il évite de faire parler des camions, ça aide.
Mais pourtant, ça ne vous surprendra pas au vu de l'enthousiasme que je puis avoir à parler de cet essai cinématographique : j'aime ce film. Franchement je me suis bien amusé. Et puis la diversité des thèmes abordés est tellement riche (finalement) qu'on peut y voir voir sans mal ce que Stephen aurais voulu qu'on y voie (en gros hein, faut pas pousser non plus), à savoir une critique d'une société où les rapports sont altérés par des mécanismes tiers né par et pour l'homme mais dont l'importance grandissante qu'on veux bien leur concéder, au dépend de l'autre fini par les imposer comme un autre à part entière, une sorte de "tiers autre" qui tend peu à peu à prendre sa place (à l'autre, suivez quoi merde !). Parce que non, c'est pas "comme ça", pour que des individus en viennent à considérer avec plus d'importance leur rapport avec un distributeur de coca sans autre âme que celle qu'on lui donne à la rigueur que leur rapport ne serait-ce qu'avec l'autre dans sont caractère fondamentalement et nécessairement différent y'a quand même un truc qui cloche. Donc en gros "anthropo-décentrer" (ouais, j'invente des mots, je suis un philosophe, moi, alors ta gueule lopette) la machine et la place qui est la sienne c'est pas super coule pour l'avenir de l'humanité.
L'autre, y'a que ça de vrai. C'est beau Stephen.

Sinon la comète on s'en branle, elle repart comme elle est venue. Et oui, une comète c'est un peu la solution qui vient d'ailleurs. La solution facile qui vient d'un espace infini et inexploré, image de l'imagination des enfants que nous avons tous été et de la part d'enfance nécessaire qui subsiste en nous. La solution prétexte mais il en faut toujours un pour qu'on en vienne à se rendre compte que mine de rien, quand on se retrouve en Louisiane aussi con et pauvre que le connard de pauvre nègre et sa famille qui vivaient dans une cabane de jardin et qu'on a tous les deux les pieds dans l'eau, ben finalement c'est tout de même plus fondamentalement humain d'essayer construire un rapport et de vivre avec son voisin qu'avec son gros 4x4 qui pollue et qu'est tout cassé de toute façon, fuck.
C'est dingue ce que je raconte quand même...
Et dire qu'à divaguer sur le sens de la vie (des pauvres, j'entend bien, nous on s'en branle) j'allait presque oublier un ultime point. Car mine de rien, l'ami Stephen est décidément plein de ressources (mis à part les ressources naturelles, 30 litres de pétroles raffiné aux 100 km au bas mot, nécessaires à l'utilisation de son gros 4x4), et nous gratifie d'un vibrant hommage au cinéma et à ses inventeurs, les frères Lumière. Et oui, le film contient une jolie référence à l'Arroseur arrosé. Alors comme je suis joueur je ne vais pas vous dire à quel moments, vous avez cas vous taper cette merde, comme moi, merde, y'a pas de raison.
Mais quand même je me demande bien si il aurait pu faire ça consciemment...

Quand même ce Stephen, on voit tout de suite qu'il se place parmi les pionniers, les précurseurs. Aujourd'hui on aurait (naïfs que nous sommes) simplement tendance à croire qu'il écrit de la merde, mais non ! C'est juste qu'on peut pas comprendre. On est pas près c'est tout. Un jour on te comprendra Stephen.
En fait en rematant quelques scènes après coup, je me rend compte que dans mon enthousiasme je doit un peu extrapoler sur les bords... En fait c'est vraiment de la merde.
Et on trouve ça en DVD à 1 euros sur le net !
Allez, à bon entendeur salut, et à bientôt pour une vraie vraie merde (genre Rebirth of Mothra vol.1) et un chez-d'oeuvre (genre Godzilla Final War). Ouais, je sais, ça va être dur de patienter...

Bratman

Réalisateur : Stephen King
Acteurs : Emilio Estevez,Pat Hingle, Laura Harrington,
Yeardley Smith, John Short, Ellen McElduff, J.C. Quinn
Scénario : Stephen King